Allocution d’ouverture de l’atelier sur le rapport national sur l’état de l’environnement en Guinée. Selon le Secrétaire General du MEEF le sous-sol Guinéen renferme un tiers des réserves mondiales de bauxite
Mesdames et Messieurs les représentants des institutions nationales et internationales,
Monsieur le représentant de la CEDEAO,
Mesdames et Messieurs les représentants des Ministères,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais au nom de Monsieur le Ministre d’Etat, Ministre de l’Environnement, des Eaux et Forêts vous remercier très sincèrement pour votre présence à cette rencontre dans le but de contribuer à l’examen et la validation du Rapport national sur l’état de l’environnement et les changements climatiques.
Dans le même ordre, je tiens à rendre également un vibrant hommage à notre organisation communautaire, la CEDEAO pour son appui constant en faveur de la préservation, la protection, la conservation et la gestion durable de l’environnement et des ressources naturelles au sein des Etats membres, et particulièrement en Guinée.
Ai-je vraiment besoin de rappeler que, la Guinée est idéalement située en Afrique de l’Ouest et jouissant d’un potentiel économique exceptionnel.
Ses immenses ressources hydrographiques, ajoutées à la richesse de son sol et de son sous-sol, offrent à ce pays, les éléments fondamentaux d’un développement économique et social durable. En effet, le pays dispose de sols fertiles et de précipitations abondantes permettant le développement d’une agriculture forte.
Le réseau hydrographique dense présente lui aussi un potentiel hydroélectrique considérable. Sur le plan des ressources minières, le sous-sol guinéen renferme un tiers des réserves mondiales de bauxite, en plus du fer avec plus 20 milliards de tonnes, de l’or, 7ème rang en Afrique, du diamant plus 10 millions de carats, du calcaire dont les réserves sont estimées à des centaines de millions de tonnes de manganèse, de zinc, du cobalt, du nickel, de l’uranium, notamment.
Ces richesses naturelles représentent certainement une formidable opportunité pour le développement du pays et l’accroissement de son PIB avec des bénéfices attendus pour la population guinéenne toute entière. En contrepartie, leur mise en valeur ne manquera pas d’engendrer de nombreux impacts nocifs tant environnementaux que socio-économiques. De tels impacts sont déjà préoccupants dans les zones d’exploitation minière actuelles, sur le littoral, sur les forêts classées, et risquent de se faire sentir de manière cumulative et sur le long terme, avec des effets durables sur le bien-être et la santé des communautés, sur la biodiversité, ainsi que les ressources naturelles.
Autant dire que le défi principal du processus de développement en Guinée est de faire de l’exploitation des ressources non renouvelables un moteur de développement durable et de lutte contre la pauvreté, et mieux, de gérer les impacts environnementaux et sociaux potentiels, résiduels et cumulatifs.
Après avoir parcouru vos termes de référence, nous avons trouvé que le contexte décrit est pertinent, les objectifs sont adéquats, les résultats attendus sont promoteurs, la liste des parties prenantes ciblées est exhaustive, la méthodologie déployée est aussi très rassurante.
Alors, ce projet doit être mis à profit pour informer, sensibiliser et conscientiser l’ensemble des acteurs de l’environnement, gouvernants et gouvernés, les différentes couches socio-professionnelles afin de les amener à comprendre que leur participation active à la gestion durable de l’environnement est essentielle et qu’ils doivent de ce fait, changer favorablement leurs comportements et attitudes en prenant surtout les bonnes décisions à l’égard de notre environnement.
Puisqu’il sera beaucoup question d’environnement dans vos travaux, je voudrais préciser en guise d’orientation que l’environnement, c’est ‘’l’ensemble des éléments naturels et artificiels ainsi que des facteurs économiques, sociaux et culturels qui favorisent l’existence, la transformation et le développement du milieu, des organismes vivants et des activités humaines’’.
C’est dire que le terme environnement comprend aussi les ressources renouvelables ou biologiques comme l’eau, l’halieutique et la biomasse comme les forêts.
Ces ressources renouvelables constituent un véritable réservoir des écosystèmes à savoir l’interaction entre les organismes vivants que sont les plantes, les animaux, les personnes humaines et leur environnement, incluant la nature, mais aussi les systèmes et les cadres créés par l’homme, comme les villes et les exploitations agricoles.
Il est démontré que des forêts aux terres agricoles en passant par les étendues et les cours d’eau douce, les mers, les océans et les littoraux, les écosystèmes dans toute leur vitalité et leur diversité sont le pilier de notre prospérité et de notre bien-être.
Cependant, ces précieuses ressources naturelles sont de plus en plus dégradées de nos jours de façon alarmante par le fait des actions anthropiques parce que depuis longtemps maintenant, nous exploitons et détruisons les écosystèmes et partant, la biodiversité.
Pour preuve, selon le Groupe Intergouvernemental des Experts placé sous l’égide du PNUE, toutes les trois secondes, le monde perd suffisamment de forêts équivalent à la dimension d’un terrain de football, et la moitié des zones humides comprenant les zones côtières et marines et les mangroves, sont aussi détruites, provoquant ainsi le réchauffement et le dérèglement du climat.
Comme on peut s’en apercevoir, la perte d’écosystèmes prive le monde de puits de carbone c’est-à-dire les forêts. Les émissions mondiales de Gaz à effet de serre ont aussi augmenté pendant les trois années consécutives et la planète est en passe de subir un changement climatique potentiellement catastrophique.
D’autre part, l’émergence de la COVID-19 a également montré à quel point les conséquences de la perte des ressources naturelles peuvent être désastreuses. En réduisant la superficie de l’habitat naturel de la faune sauvage, nous les Hommes, avons créé des conditions idéales pour la propagation des agents pathogènes, dont le Coronavirus.
A titre illustratif, vous allez me permettre de faire une toute petite démonstration en faisant un petit retour en arrière :
Dans les siècles précédents, on avait en gros une pandémie tous les 100 ans.
Au XIXème siècle, il y eut la pandémie du choléra en 1830, 1850 et 1880 ;
Le XXème siècle démarre en 1918 avec la grippe espagnole, et le siècle s’achève dans les années 80 avec la pandémie du SIDA qui dure encore ;
Au XXIème siècle, donc depuis 20 ans seulement on a connu 6 pandémies déjà :
En 2003 ce fut, le SRAS venu de Chine, le premier Coronavirus ; en 2009, la grippe H1N1 ; en 2012, le MERS-CoV, un autre Coronavirus qui démarre au Moyen-Orient ; en 2013, la fièvre hémorragique Ebola qui était connue en Afrique Centrale, mais qui s’est propagée énormément en Afrique de l’Ouest ; en 2015, la fièvre hémorragique ZIKA et aujourd’hui depuis 2020 jusque maintenant encore, nous vivons le spectre de la pandémie du COVID-19.
D’ores et déjà, il faut se poser tout de suite la question de savoir pourquoi une telle accélération des pandémies sur la planète ?
L’émergence de ces maladies nouvelles est à la fois en lien direct et étroit avec la perte des écosystèmes et de la biodiversité. Vous savez, à l’état naturel, les animaux sauvages sont en équilibre avec les virus, avec les bactéries, avec l’ensemble des microbes dont ils sont porteurs. Plus la biodiversité est riche, moins ces virus se répandent. C’est ce qu’on appelle, l’effet de dilution.
Mais, dans le monde contemporain on perturbe totalement cet équilibre en détruisant, en massacrant les ressources naturelles et en conséquence, on perd cet effet de dilution. Tout simplement parce que la modernisation des sociétés et la recherche du profit économique conduisent à déforester pour percer des routes, pour construire des villes, pour développer l’agriculture intensive ou l’élevage de masse, pour prélever des minerais précieux. De la sorte, on multiplie les points de contact entre les hommes et la faune sauvage, reconnue comme le réservoir irremplaçable des virus qui génèrent ces maladies nouvelles.
Bien entendu, la menace est réelle parce que les experts ont démontré qu’il existe 1,7 million de virus encore non découverts chez les mammifères et les oiseaux parmi lesquels 600.000 à 800.000 sont capables d’infecter l’être humain.
Donc, l’établissement d’un Rapport national sur l’état de l’environnement est un instrument approprié pour contribuer à renverser cette tendance en Guinée et à offrir un avenir plus durable à notre environnement et à l’humanité car l’environnement en général constitue le socle de toute une vie sur terre. Protéger l’environnement, c’est protéger la planète et ses habitants.
Face à ces défis, je voudrais davantage vous rassurer que le Ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts se tiendra à côté de toutes les institutions, de tous les Départements ministériels et de toutes les organisations pour prévenir, stopper puis inverser la dégradation de l’environnement et des ressources naturelles, afin de contribuer à éradiquer la pauvreté, à promouvoir la création d’emplois, à lutter contre les changements climatiques et à éviter les extinctions massives.
Mais la réussite de cette initiative dépend de l’implication de chacun et de tous à passer de l’exploitation à outrance de la nature à sa protection en faisant revivre nos ressources naturelles renouvelables, depuis le sommet des montagnes jusqu’aux profondeurs des océans.
Il est évident que nous ne pouvons pas remonter le temps. Mais nous pouvons qu’en même planter des arbres, débarrasser nos villes des déchets et les rendre plus vertes, changer notre régime alimentaire et veiller à maintenir l’équilibre écologique au niveau des cours d’eau et du littoral.
Sachez une chose, nous sommes la génération qui peut faire la paix avec la nature. C’est notre dernière chance de remettre les choses en ordre. Soyons alors actifs, mais pas anxieux. Soyons audacieux, mais pas timides. C’est notre moment. C’est votre moment.
L’amélioration des moyens de subsistance des populations n’est possible qu’avec des ressources naturelles saines, gage certain de lutte contre le changement climatique et un moyen sûr pour freiner leur effondrement.
Du reste, je ne pourrais que saisir cette opportunité qui m’est offerte ici, pour lancer un appel d’abord aux jeunes, je dis bien les jeunes parce que les jeunes rassurent par leur énergie, leur enthousiasme et l’absence de préjugé qui les incarne ; ensuite à tous les citoyens de notre pays pour une prise de conscience collective accrue pour l’initiation d’actions concrètes en vue d’améliorer l’état de l’environnement.
Avançons donc ‘’Main dans la main’’ pour protéger les écosystèmes et la biodiversité, pourune Guinée propre, verte et plus vivable !
Je vous jure que je ne fais surtout pas ici, l’apologie des mots ou des verbes mais je m’adresse à vous la main sur le cœur en privilégiant seul l’intérêt de notre chère patrie, la Guinée.
Au nom de Monsieur le Ministre d’Etat, Ministre de l’Environnement, des Eaux et Forêts, je déclare ouverts les travaux de l’atelier sur l’examen et la validation du Rapport national établissant l’état de l’environnement en Guinée.
Je vous remercie pour votre aimable attention !